Un simple poing, le pouce replié à l’intérieur des doigts. À première vue, rien de particulier. Pourtant, ce geste porte un nom chargé d’histoire : faire la figue. Bien plus qu’une curiosité, il fut longtemps un signe de refus, de protection et même de connivence.
Un « non » discret mais puissant
Remontons au XIXe siècle. Dans un village de campagne, on frappe à une porte pour réclamer un dû. Pas un mot ne sort, seulement une main qui s’avance à la fenêtre : la figue. Ce poing fermé, pouce rentré, voulait dire « tu n’auras rien » ou « inutile d’insister ». Sans éclat de voix, ce geste suffisait à transmettre un refus clair et un brin moqueur.
Bien avant les textos ou les émoticônes, la figue incarnait une manière subtile de dire non, un refus teinté d’ironie, compris de tous.
Des racines anciennes et un pouvoir protecteur
L’origine de la figue remonte encore plus loin. En Europe de l’Est, notamment dans la Russie païenne, on croyait que ce geste chassait les mauvais esprits et protégeait du mauvais œil. Le poing fermé représentait une force cachée, et le pouce replié servait de talisman. Cette signification ésotérique a peu à peu disparu, mais l’idée d’une protection discrète a perduré dans certaines traditions familiales.
Du terrain de jeu aux souvenirs de guerre
Dans les cours d’école, la figue a longtemps été un signe de moquerie amicale. Entre enfants, elle servait à marquer une promesse rompue ou une petite revanche, toujours avec humour.
Des récits plus émouvants existent aussi. Un ancien soldat racontait avoir fermé sa main sur son alliance avant de partir au front, un geste protecteur qui rappelait celui de l’enfance. La figue devenait alors symbole de courage et d’attachement.
Un clin d’œil qui traverse le temps
Aujourd’hui, le geste est rare, remplacé par nos moyens de communication modernes. Mais certains le perpétuent encore, comme un porte-bonheur discret ou un souvenir d’antan.
Faire la figue nous rappelle qu’il est possible d’exprimer un désaccord sans agressivité, avec une pointe d’humour et beaucoup de finesse. Un langage silencieux, mais d’une étonnante force.